Page:Nodier - Trésor-des-Fèves et Fleur-des-Pois, 1894.djvu/42

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vous avez jamais rencontré en société le roi des Grillons, qui est fort reconnaissable à son masque noir et poli, comme celui d'Arlequin, à deux cornes droites et mobiles, et à certaine symphonie de mauvais goût dont il a coutume d'accompagner ses moindres paroles. Le roi des Grillons me faisait la grâce de m'aimer ; il n'ignorait pas que ma minorité expire aujourd'hui, et qu'il est de l'usage des princesses de ma maison de prendre un mari à dix ans. Il s'est donc trouvé sur ma route, suivant l'usage, pour m'obséder du tintamarre infernal de ses carillonnantes déclarations, et je lui ai répondu, comme à l'ordinaire, en me bouchant les oreilles !

− Ô bonheur ! Dit Trésor des Fèves enchanté ; vous n'épouserez pas le roi des Grillons !

− Je ne l'épouserai pas, répondit Fleur des Pois avec dignité. Mon choix étoit fait. − Je ne lui eus pas plutôt signifié ma résolution,