Gargantua s’éveillait donc vers quatre heures du matin, et pendant qu’on le frottait, quelques pages lui étaient lues de la divine Écriture, hautement et clairement, avec prononciation compétente à la matière ; à ce soin était commis un jeune page natif de Basché, nommé Anagnostes…
Ils considéraient aussi l’état du ciel, s’il était le même que le soir précédent, et en quels signes entraient le soleil et la lune pour cette journée.
Ensuite il était habillé, peigné, coiffé, accoutré et parfumé, et pendant ce temps on lui répétait les leçons du jour d’avant. Lui-même les disait par cœur et y fondait quelques cas pratiques concernant l’état humain ; cela durait quelquefois jusqu’à deux ou trois heures ; mais le plus souvent ces répétitions cessaient lorsqu’il était tout à fait habillé.
On lui faisait, après cela, une lecture de trois bonnes heures.
Puis ils sortaient, toujours conférants des propos de la lecture ; ils se rendaient dans quelque plaine, et là jouaient à la balle, à la paume, à la pile trigone, s’exerçant courageusement le corps, comme ils avaient les âmes auparavant exercées. Tout leur jeu n’était qu’en liberté, car ils laissaient la partie quand cela leur plaisait ; c’était ordinairement lorsqu’ils suaient ou étaient autrement las. Alors ils étaient très-bien essuyés et frot-