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Page:Noel - Le Rabelais de poche, 1860.djvu/176

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mand (car, disait Gymnaste, tels sauts sont inutiles et de nul service en guerre), mais d’un saut franchissait un fossé, volait sur une haie, montait six pas contre une muraille, et rampait ainsi à une fenêtre de la hauteur d’une lance.

Il nageait en pleine eau, à l’endroit, à l’envers, de côté, de tout le corps, des pieds seulement ; puis, une main en l’air, tenant un livre hors de l’eau, il traversait ainsi toute la rivière de Seine sans le mouiller, tenant son manteau dans ses dents, comme faisait Jules César. D’une seule main il entrait de force dans un bateau, et, de là, se rejetait de nouveau dans l’eau la tête la première, sondait le fond du fleuve, creusait les rochers, plongeait aux abîmes et gouffres ; remonté ensuite dans son bateau, il le tournait, gouvernait, menait vite d’abord et puis plus lentement, suivant le fil de l’eau ; d’autrefois remontait le courant, ou bien le retenait immobile au torrent d’une écluse, d’une seule main, et de l’autre s’escrimait avec un grand aviron ; il tendait la voile, montait au mât, courait sur les brancards, ajustait la boussole, contreventait les boulines, bandait le gouvernail.

Sorti de l’eau, au galop il franchissait la montagne et la dévalait aussi franchement, il grimpait aux arbres comme un chat, sautait de l’un à l’autre comme un écureuil, abattait les grosses branches comme un autre