Page:Noel - Le Rabelais de poche, 1860.djvu/191

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vivre dans l’abondance, le repos et le bien-être ? De telles lois, à mon sens, ne seraient ni aussi impertinentes, ni aussi perverses que le sont celles qu’ils ont reçues d’eux ; car, moyennant ces lois, il n’est rufian, brigand, gredin, voleur ou mendiant puant et punais qui par violence ne puisse, à son gré, ravir la fille qui lui plaira, tant soit-elle noble, belle, riche, honnête, pudique, et l’enlever de la maison de son père, d’entre les bras de sa mère, malgré tous ses parents, si le rufian réussit à s’associer quelque myste qui plus tard participera de la proie.

Que feraient de pis et de plus cruel les Goths, les Scythes, les Massagètes, en place ennemie longtemps assiégée, détruite à grands frais et prise par force ? Les pères et mères au désespoir voient enlever de leurs maisons, emmener par un inconnu, étranger, barbare, matin, tout pourri, chancreux, cadavéreux, misérable, leurs belles, délicates, riches et saines filles, qu’ils avaient si chèrement nourries, élevées à la vertu et honnêteté, espérant les marier un jour avec les enfants de leurs voisins et antiques amis, élevés et instruits avec le même soin, espérant en voir naître des héritiers dignes d’eux et de leurs biens. Quel spectacle donc pensez-vous que ce leur soit ? et toutefois ils sont si terrifiés par la crainte du démon et par la superstition, qu’ils n’osent y contredire, par la raison que le taupetier y a été pré-