Page:Noel - Le Rabelais de poche, 1860.djvu/30

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qu’il fût courroucé, fâché ou marri ; s’il trépignait, s’il pleurait, s’il criait, lui apportant à boire on le remettait en nature, et soudain il devenait coi et joyeux.

Il était tant coutumier de ce faire, qu’au seul son des pintes et flacons, il entrait en extase, comme s’il goûtait les joies du paradis. En sorte que considérant cette complexion divine, pour le réjouir au matin, ses gouvernantes faisaient devant lui sonner les verres avec un couteau, ou des flacons avec leurs toupons, ou des pintes avec leurs couvercles ; auquel son il s’égayait, il tressaillait, et lui-même se berçait en dodelinant de la tête, monochordisant des doigts et barytonnant du cul.

Jusqu’à l’âge de sept ans, il n’eut, comme tous les enfants du pays, d’autres occupations que de se barbouiller le nez, acculer ses souliers, bâiller aux mouches, chier dans sa chemise, se moucher dans la soupe, patrouiller partout, boire dans sa pantoufle, se peigner d’un gobelet, pisser contre le soleil, etc., etc. On lui donna pourtant un beau virolet et des