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Page:Noel - Le Rabelais de poche, 1860.djvu/37

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donne au Diable s’ils ne sont dans notre clos, et coupent si bien ceps et raisins, corbleu ! que de quatre ans il n’y aura de quoi grapiller dedans. Ventre saint Jacques ! que boirons-nous pendant ce temps, nous autres pauvres diables ? Seigneur Dieu, da mihi potum !

Le prieur claustral dit alors : — Que va faire ici cet ivrogne ? qu’on me le mène en prison ; troubler ainsi le service divin !

— Mais, dit le moine, le service du vin, faisons en sorte qu’il ne soit troublé, car vous-même, monsieur le prieur, aimez à boire du meilleur ; ainsi fait tout homme de bien. Jamais homme noble ne hait le bon vin ; c’est un apophthegme monacal. Mais ces répons que vous chantez ici ne sont, pardieu, point de saison… Écoutez, messieurs, vous autres qui aimez le vin, cordieu ! je veux que saint Antoine me brûle si ceux là tâtent du vin, qui n’auront secouru la vigne. Ventre dieu ! les biens de l’Église ! Saint Thomas l’Anglais voulut bien mourir pour eux ; si j’y mourais aussi, ne serais-je saint de même ?