réalisé justement dans les peintres du « quattrocento », ils le doivent à John Ruskin.
Ruskin est un des esprits les plus troubles et les plus faux et un des plus puissants stylistes de ce siècle. Il met au service d’idées complètement délirantes le sauvage acharnement du fanatique dérangé d’esprit et le profond sentiment de l' « émotif » de Morel. Son état d’âme est celui des premiers grands-inquisiteurs espagnols ; il est un Torquemada de l’esthétique. Il aimerait brûler vifs le critique qui ne partage pas ses vues ou le philistin obtus qui passe sans recueillement devant les œuvres d’art. Mais comme les bûchers ne sont pas à sa portée, il fait rage et se déchaîne au moins en paroles, et anéantit métaphoriquement les hérétiques par l’injure et la malédiction. A son humeur colérique intraitable il allie une grande connaissance de tous les détails de l’histoire de l’art. S’il parle des formes de nuages, il reproduit les nuages de soixante ou quatre-vingts tableaux éparpillés à travers toutes les collections de l’Europe, et, notez-le bien, il a fait cela dans les années 1840 et suivantes, quand on ne connaissait pas encore les photographies d’après les chefs-d’œuvre de l’art, qui en rendent aujourd’hui si commode l’étude comparée. Cette accumulation de faits, cette érudition minutieuse lui conquirent l’esprit anglais. Elles expliquent l’influence puissante qu’il a exercée sur le sentiment artistique du monde anglo-saxon et sur ses idées théoriques du beau. Le positivisme lucide de l’Anglais réclame des indications exactes, des mesures, des chiffres. Qu’on lui livre tout cela, il est content et ne critique pas les points de départ. L’Anglais accepte un délire lorsque celui-ci se présente avec des