Page:Nordau - Dégénérescence, tome 1.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
189
LES SYMBOLISTES

résultante naturelle de tout un siècle d’investigation psychologique, qui fut une bonne éducation de la raison, mais dont les résultats objectifs et immédiats ne pouvaient être que la fatigue, le dégoût même et même le désespoir de raisonner ?… Naguère la science avait biffé le mot: mystère. Elle avait, du même trait, biffé les mots : vérité, joie, humanité… Le mysticisme a repris science intruse et accaparante non seulement tout ce qu’elle lui avait dérobé, mais peut-être bien aussi quelque chose de la propre part de la science. La réaction contre les négations insolentes et désolantes de la littérature scientifique… s’est faite… par une imprévue restauration poétique du catholicisme [1] ».

Un autre graphomane, l’auteur du livre imbécile Rembrandt éducateur, radote à peu près de la même façon. « L’intérêt pour la science, dit-il, et particulièrement pour la science de la nature jadis si populaire, diminue actuellement dans les larges cercles du monde allemand… On est en quelque sorte sursaturé d’induction ; on a soif de synthèse ; les jours de l’objectivité s’inclinent de nouveau vers leur fin, et la subjectivité frappe en revanche à la porte [2] ».

M.  Edouard Rod dit : « Le siècle a marché sans tenir toutes ses promesses », et quelques lignes plus loin il parle encore de « ce siècle vieillissant et déçu [3] ».

Dans un petit écrit qui est devenu une sorte d’évangile des imbéciles et des idiots, l’auteur, M. Paul Desjardins,

  1. Charles Morice, op. cit., p. 5, 103, 177.
  2. Rembrandt éducateur. Leipzig, 1890, p. 2.
  3. Edouard Rod, Les Idées morales du temps présent. Paris, 1892, p. 66.