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Page:Nordau - Dégénérescence, tome 1.djvu/67

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DIAGNOSTIC

les moyens d’art créés par les hommes à vue normale, ne peut précisément être rendue.

Presque chez tous les hystériques existe l’anesthésie d’une partie de la rétine [1]. En règle générale, les endroits insensibles sont continus, et occupent la moitié extérieure de cette membrane. Dans ces cas-là, le champ visuel est plus ou moins rétréci et apparaît à l’hystérique non tel qu’à l’homme normal, — comme un cercle, — mais comme un tableau limité par une ligne capricieusement sortante et rentrante. Mais parfois les endroits anesthésiques ne sont pas continus et se trouvent répandus en forme d’îlots sur toute la rétine. Alors le malade aura dans son champ visuel toutes sortes de lacunes ou taches noires d’un effet curieux, et s’il peint ce qu’il voit, il inclinera à placer les uns près des autres des points ou taches plus ou moins gros non liés ensemble, ou liés d’une façon imparfaite. L’insensibilité n’a pas besoin d’être complète ; elle peut exister seulement pour certaines couleurs ou pour toutes les couleurs. Si l’hystérique a totalement perdu le sentiment des couleurs (achromatopsie), il voit tout uniformément gris, mais perçoit les différences de degrés de clarté. L’image du monde se présente donc à lui comme une eau-forte ou un dessin à la mine de plomb, où l’effet des couleurs absentes est remplacé par les dégradations de lumière, par la plus ou moins grande profondeur et par la vigueur des endroits blancs et noirs. Des peintres insensibles aux couleurs éprouveront naturellement de la prédilection pour la peinture blafarde, et un public souffrant du même mal ne trou-

  1. Dr Emile Berger, Les maladies des yeux dans leurs rapports avec la pathologie générale. Paris, 1892, p. 129 et sqq.