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LA RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE.

de sa masse inerte, la vitesse ascendante qu’elle possédait au moment qu’on l’a lâchée. Aussitôt après, puisque je tire l’obus d’un mouvement accéléré, la vitesse ascendante de celui-ci a dépassé celle de l’assiette lâchée. C’est pourquoi le fond de l’obus, dans sa course ascendante accélérée est venu heurter l’assiette et la briser. »

Ceci prouve que le poids d’un corps, sa gravitation, est indiscernable de son inertie. Masse inerte, masse pesante sont deux choses, non pas égales par une extraordinaire coïncidence comme le croyait Newton, mais identiques et inséparables. Ces deux choses n’en sont qu’une.

Et alors nous sommes amenés à penser que les lois de la pesanteur et celles de l’inertie, les lois de la gravitation et celles de la mécanique doivent être identiques, ou du moins doivent être des modalités d’une chose unique. Pareillement la face et le profil d’un même visage ne sont que ce même visage vu sous deux angles différents.

Si même les voyageurs de notre obus — qui sont vraiment des sortes de cobayes ! — mettent l’œil au hublot et voient la corde qui les remorque, leur illusion persistera. Ils se croiront suspendus et immobiles en un point de l’espace où la pesanteur est ressuscitée, c’est-à-dire, comme disent les spécialistes, en un point de l’espace où règne un « champ de gravitation ».

Cette locution est analogue à l’expression courante de « champ magnétique » qui désigne une région de