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EINSTEIN ET L’UNIVERS.

mystérieusement uni, organisé comme une vaste et muette symphonie, dominé par la loi et non par le caprice, par des règles inéluctables et non par des volontés particulières, la science n’est-elle pas, après tout, une Révélation ?

Là doit être, là sera la conciliation nécessaire entre les esprits dociles à la réalité sensible et ceux qu’obsède le mystère métaphysique.

Proclamer la faillite de la science, si cela veut dire autre chose que proclamer la faiblesse humaine, dont nul ne doute hélas ! c’est en réalité dénigrer cette part du divin qui est accessible à nos sens, celle que la science nous dévoile.

En somme, toute la synthèse einsteinienne découle du résultat de l’expérience de Michelson, ou du moins d’une interprétation particulière de ce résultat.

Le phénomène de l’aberration des étoiles prouve que le milieu qui transmet leur lumière jusqu’à notre œil ne participe pas à la translation de la Terre autour du Soleil. Ce milieu les physiciens l’appellent l’éther. Lord Kelvin qui a mérité l’honneur de reposer à Westminster sous la dalle contiguë à celle où gît Newton, considérait avec raison l’existence de l’éther interstellaire comme aussi bien prouvée que celle de l’air que nous respirons ; car sans ce milieu la chaleur solaire, mère et nourrice de toute vie terrestre, ne parviendrait pas jusqu’à nous.