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EINSTEIN ET L’UNIVERS.

absolu. Autrement dit, on a fait reposer nos notions sur l’idée qu’un intervalle de temps et un intervalle spatial entre deux phénomènes donnés sont toujours les mêmes, pour quelque observateur que ce soit, et quelles que soient les conditions d’observation. Par exemple, il ne fût venu à l’esprit de personne, tant que régna la science classique, que l’intervalle de temps, le nombre de secondes qui sépare deux éclipses successives de soleil, pût ne pas être un nombre fixe et identiquement le même pour un observateur placé sur la terre et un observateur placé sur Sirius (la seconde étant d’ailleurs définie pour tous deux par le même chronomètre). De même, personne n’eût imaginé que la distance en mètres de deux objets, par exemple la distance de la Terre au Soleil à un instant donné, mesurée trigonométriquement, pût ne pas être la même pour un observateur placé sur la Terre et un autre placé sur Sirius (le mètre étant d’ailleurs défini pour tous deux par la même règle).

« Il existe, dit Aristote[1], un seul et même temps qui s’écoulera en deux mouvements d’une manière semblable et simultanée ; et si ces deux temps n’étaient pas simultanés, ils seraient encore de la même espèce… Ainsi, pour des mouvements qui s’accomplissent simultanément, il y a un seul et même temps, que ces mouvements soient, ou non, également vites ; et cela, lors même que l’un d’eux serait un mouvement local et

  1. Aristote, Physique, livre IV, chap. XIV.