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SCIENCE ET RÉALITÉ.

la même, que celle-ci compte dix barreaux ou cent barreaux d’acier au mètre courant, pourvu qu’ils soient identiques.

Ce n’est donc pas là en définitive que réside l’invraisemblance qui a fait rejeter par les relativistes la théorie de Lorentz.

C’est dans les principes mêmes de cette théorie, c’est parce qu’elle admet dans la nature un système de référence privilégié, l’éther immobile par rapport à quoi les corps se déplacent.

Examinons cela d’un peu plus près.

On a dit que l’éther immobile de Lorentz est en somme une résurrection de l’espace absolu de Newton tant attaqué par les relativistes. Rien n’est moins sûr. Si, comme nous l’avons supposé dans le chapitre précédent, notre Univers stellaire n’est qu’une gigantesque bulle d’éther divaguant dans un espace vide d’éther, parmi d’autres bulles d’éther à jamais inconnaissables à l’homme, il est évident que la gouttelette éthérée qui constitue notre Univers peut très bien être un mouvement dans l’espace qui l’entoure et qui serait le véritable espace absolu.

De ce point de vue, l’éther lorentzien ne peut donc être assimilé à l’espace absolu. Faire cette assimilation revient à dire que l’espace dénommé absolu par Newton ne mérite peut-être pas ce nom. Si l’espace newtonien n’est que le continu physique où se déroulent es événements de notre Univers particulier, il n’est alors rien moins qu’absolument immobile.