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MÉTAMORPHOSES DE L’ESPACE ET DU TEMPS.

en l’absence de corps attachés à ces données, ou plutôt auxquels nous attachons ces données ? L’affirmer comme font Aristote, Newton, la science classique, c’est faire une supposition audacieuse, et non nécessairement fondée.

Le seul temps dont nous ayons la notion, en dehors de tout objet, est le temps psychologique si lumineusement scruté par M. Bergson, et qui n’a aucun rapport, que son nom, avec le temps des physiciens, de la science.

C’est en réalité Henri Poincaré, ce grand Français dont la disparition laisse un vide qui ne sera jamais comblé, qui a le mérite d’avoir, avec la plus grande netteté et la plus intelligente hardiesse, soutenu la thèse que le temps et L’espace, tels qu’ils nous sont donnés, ne peuvent être que relatifs.

Quelques textes ici ne seront pas inutiles ; ils montreront qu’Henri Poincaré a vraiment le mérite de la plupart des choses qu’on attribue, dans le public, couramment à Einstein. De cette démonstration, le mérite d’Einstein ne sera pas diminué, car il est ailleurs, nous le montrerons.

Voici comment s’exprimait Henri Poincaré, dont l’enveloppe charnelle a péri, il y a des années déjà, mais dont la pensée continue à dominer tous les cerveaux qui réfléchissent, étendant plus loin chaque jour ses ailes triomphales :

« Il est impossible de se représenter l’espace vide… C’est de là que provient la relativité irréductible de