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LA SOLUTION D’EINSTEIN.

c’est parce que, d’un seul regard de son œil mental, il embrasse l’ensemble chronologique et spatial des coups possibles dérivés d’un seul coup initial, avec toutes leurs répercussions sur l’échiquier. Il en voit simultanément toute la succession.

Ces mots soulignés jurent un peu d’être accouplés. C’est que nous sommes dans un domaine où prétendre exprimer vocabulairement les nuances des choses est une gageure. Autant vaudrait, après tout, tenter de définir avec des mots tout ce qu’il y a dans une symphonie de Beethoven. « Traduttore traditore » : si cet adage est vrai, c’est surtout parce que le mot est l’organe de la traduction.

Arrivés à ce point, dans notre lente ascension de la physique relativiste, nous n’avons plus devant les yeux qu’un champ de bataille où gisent des cadavres et des débris.

Le temps et l’espace, nous croyions ces crochets solidement rivés au mur derrière lequel se cache la réalité, et nous y attachions nos flottantes notions du monde extérieur, ainsi que des vêtements à des porte-manteaux. Ils gisent maintenant arrachés et tordus dans le plâtras des anciennes théories, sous les coups de marteau de la physique nouvelle.

Nous savions bien, certes, que l’âme des êtres nous