Page:Nordmann - Einstein et l’univers, 1921.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
79
LA MÉCANIQUE EINSTEINIENNE.

et non haïr, parce qu’elle nous rapproche du cœur même des choses, a bouleversé d’abord la mécanique entière.

La mécanique est à la base de toutes les sciences expérimentales parce qu’elle est la plus simple et parce que les phénomènes qu’elle étudie sont toujours présents, — sinon exclusivement présents, — parmi les phénomènes objets des autres sciences plus complexes, physique, chimie, biologie. La réciproque n’est pas vraie.

Par exemple, il n’y a pas un seul phénomène chimique ou biologique où l’on ne doive considérer des corps qui sont en mouvement, qui ont une masse, qui dégagent ou absorbent de l’énergie.

Au contraire, les particularités d’un phénomène biologique, chimique, ou physique, par exemple l’existence d’une différence de potentiel, ou d’une oxydation, ou d’une pression osmotique ne se retrouvent pas toujours dans l’étude des mouvements d’une masse pesante et des forces agissant sur elle et par elle.

Par rapport à la mécanique, la physique, la chimie, la biologie ont, rangés dans cet ordre, des objets de complexité croissante et de généralité, ou, pour mieux dire, d’universalité décroissante. Ces sciences ont une dépendance réciproque qui est celle du tronc d’un arbre avec ses branches, ses rameaux et ses fleurs. Elles sont aussi entre elles un peu comme les pièces emboîtées des mâts où les télégraphistes militaires fixent leurs antennes. La pièce inférieure du mât, plus large, soutient le tout, mais ce sont les pièces supérieures qui portent les organes délicats et compliqués.