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LA MÉCANIQUE EINSTEINIENNE.

la joie de passer des conceptions un peu trop exclusivement géométriques et psychologiques de temps et d’espace, à l’étude directe des réalités sensibles, des corps. Ici nous pourrons confronter la théorie et la réalité, les prémisses mathématiques et les vérifications substantielles, et nous aurons le plaisir de voir par les faits, par l’expérience ce qu’il faut penser de tout cela. Entre les anciennes manières de concevoir et la nouvelle, nous pourrons choisir en connaissance de cause, d’après des critères visibles.

En un mot, et si j’ose employer cette image, tant qu’il s’agissait des notions d’espace et de temps, cadres assez vides par eux-mêmes, vases intéressants surtout par les liquides qu’ils contiennent, nous étions un peu comme ces jeunes gens qui doivent choisir une fiancée d’après les seules descriptions qu’on leur a faites. Nous allons voir maintenant de nos propres yeux, et à l’œuvre, les deux prétendantes à notre dilection : la science classique et la théorie d’Einstein. Nous les verrons toutes deux mettre la main à la pâte des faits, et nous pourrons comparer les mets délectables qu’elles en auront respectivement tirés pour la nourriture de notre esprit.

Les théories ne valent qu’en fonction des faits, et celles qui, comme tant de métaphysiques, ne trouvent point de critère réel pour les départager, valent toutes également. L’expérience, source unique du savoir et dont Lucrèce disait déjà

unde omnia credita pendent