Page:Normand - À tire-d’aile, 1878.djvu/45

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Elle, superbe et bonne, avec tranquillité
Supporte le tourment de ce choc répété,
Et parfois, d’un seul coup de sa langue revêche,
Les soulève du sol, les renverse et les lèche.
Tout autour de la cage un public curieux,
De femmes, de badauds, s’entasse et suit des yeux
— En comprimant tout bas un frisson de faiblesse —
Ces gigantesques jeux, où la douce caresse
De la mère, répond, sans s’irriter jamais,
Aux fureurs des petits qui la serrent de près.

Soudain un spectateur — plaisant loustic — engage
Une canne entre les lourds barreaux de la cage,
Puis en frappe un petit sur le dos, brusquement…
Ô terreur ! Un seul bond, un court frémissement,
Et droit sur l’insolent, la lionne offensée
Vibrante de fureur, terrible, s’est lancée.
Contre les durs barreaux son effort impuissant
Se brise… Alors, debout, ivre, la gueule en sang,
De ses griffes frappant les barres insensibles,
Battant l’air de sa queue aux sifflements terribles,