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aiol

faut, du poëme est composée en vers de dix syllabes, tandis que la seconde est en vers de douze. Ces deux parties ne sont certainement pas de même dialecte, et tandis que la première est bien en dialecte français proprement dit, la seconde offre tous les signes distinctifs du dialecte picard ; d’où nous pouvons conclure que le remanieur était certainement picard.

Ce caractère picard semblerait au premier abord devoir être attribué à l’ensemble du poëme, où l’on remarque partout certains traits caractéristiques, comme che au lieu de ce, etc., mais ce ne sont là que de simples changements dus au remanieur ou même au scribe. Dans la seconde partie de l’Aiol au contraire, ce ne sont pas seulement les particularités orthographiques que nous voyons apparaître, car, sans parler des formes comme fiomes (v. 6073), trovomes (v. 7615), alomes (v. 8976), faisomes (v. 8977), reverommes (v. 9167), poomes (v. 9276), etc., qui ne sont pas spéciales au picard, nous trouvons des traces certaines de ce dialecte dans le mot caus, fr. cous (coup) qui assonne en a (v. 5622) et dans les formes féminines en ie des participes passés des verbes en ier, formes qui n’apparaissent dans aucune des laisses assonant en i. e de la première partie (voy. plus loin, p. xj, notre tableau des assonances) : esclairie (v. 5383), baptisie (v. 6523), laidengie (v. 8127), etc.

Nous ne voulons pas dans cette Introduction passer en revue la phonétique, la flexion et la syntaxe de la langue de l’Aiol ; cette étude nous entraînerait trop loin, et ne nous apprendrait que peu de chose, car les règles bien connues de l’ancienne langue se retrouvent ici comme ailleurs. Signalons cependant les notations habituelles au