Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/252

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« Mais je puis invoquer des excuses majeures,
« Car, avant ton retour, j’avais mes vingt-quatre heures ! »

C’en est trop ! — Sans pudeur, sans nul ménagement,
Elle ose m’avouer… Dans mon emportement
Je m’élance vers elle effaré, redoutable…
Quand tout à coup, passant à côté de la table,
Je perçois un fumet proscrit, qui doucement
Monte d’un beau gigot, bien doré, bien fumant,
Dont le flanc est marqué d’un large coup de lame…
La lumière aussitôt me pénètre dans l’âme.
Ce rival préféré que je croyais enfui
C’était… ce n’était pas… en un mot, c’était LUI !!!
Me croyant éloigné pour deux jours, la pauvrette
Ce soir s’était offert cette petite fête,
Et, ne résistant point à son goût enragé,
Libre par mon départ, elle en avait mangé !

Point n’est besoin d’apprendre à présent, je suppose,
Que le petit souper fut loin d’être morose ?…