Page:Normand - Le Laurier sanglant, 1916.djvu/122

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Son travail fait, au bord de la Loire ensablée…
Vingt ans, de taille frêle, une tête bouclée,
Un teint rose, un front clair et de jolis yeux gais.
Tailleur de son métier, habitant sur les quais
Avec sa mère veuve… Une existence grise,
Humble, paisible, heureuse… et qui d’un coup se brise !



Ce matin, nous avons enterré le pauvret.
Sur le mince cercueil que la foule entourait,
Un drapeau déroulait sa fierté tricolore.
Puis, par un temps d’octobre aimable et tiède encore,
On conduisit, parmi les lents signes de croix,
Parmi les bérets bleus levés par les gros doigts,
Parmi tous ces saluts qui font une prière,
Les restes du soldat vers le haut cimetière
D’où l’on voit le vieux port encombré de bateaux,
La Nivelle, coulant parmi les verts coteaux,