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Page:Normand - Le Laurier sanglant, 1916.djvu/23

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EN SENTINELLE




Pantin, octobre 1870 (Siège de Paris).


Il est minuit : le temps est calme et le ciel clair.
Je suis en faction sur le chemin de fer,
Seul, la main au fusil, l’œil perdu dans l’espace.
J’entends auprès de moi, comme un soupir qui passe,
Un grand vent secouant les arbustes chétifs.
La lune, se montrant par instants fugitifs
À travers les flots blancs que forment les nuages,
Sur les champs dévastés verse de clairs mirages ;
À droite, noir géant silencieux, le fort
Veille, et Paris, couché sous l’horizon, s’endort.