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Page:Normand - Le Laurier sanglant, 1916.djvu/266

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Nos soldats, nos héros, — ce nom leur convient mieux, —
Se sont battus et sont enfin victorieux.
Mais à quel prix, hélas ! quelle affreuse tuerie !

La nuit vient, une nuit calme, toute fleurie
D’étoiles, pleurs d’argent dans le firmament noir.
Les deux pauvres blessés ne peuvent plus se voir ;
Mais, voisins de souffrance et rivés à leur place,
Ils se parlent dans l’ombre, à voix basse, très basse :



— Ils n’viendront donc jamais, ces brancardiers maudits ?
« Nous allons crever là tous les deux, que j’te dis… »
Murmure le lignard, un gars rude et superbe,
Dont la jambe en lambeaux rougit le vert de l’herbe.

« Non… Espérons encore… Ils viendront, à la fin ! »
Murmure le dragon, un tout petit blondin,