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Déroulède, Detaille, âmes si haut placées,
— Car c’est à vous que vont aujourd’hui mes pensées, —

Pourquoi le sort brutal

Vous a-t-il emportés à l’heure où l’un et l’autre
Toi le peintre fameux, et toi le noble apôtre,

Vous touchiez à votre idéal ?


Quelle eût été ta joie éloquente, exaltée,
Déroulède, en voyant la Revanche chantée

En tes vers, depuis si longtemps,

Cette Revanche qui nous semblait incertaine,
Se dresser devant toi, triomphante et prochaine,

À l’ombre des drapeaux flottants !


Au sommet de la côte avec honneur gravie
Atteindre brusquement le seul but de ta vie,

Réaliser ton seul désir…

Qui sait ? Un tel bonheur t’aurait tué peut-être…
Mais un moment du moins tu l’aurais pu connaître,

Ta main aurait pu le saisir !