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EN GRAND’GARDE




Bobigny, novembre 1870.


Oh ! que c’est triste et froid les grand’gardes, la nuit !
Se sentir seul, perdu, vibrant au moindre bruit,
Si frêle, si petit dans l’immensité sombre !
Et les réveils soudains, les alertes sans nombre !…
« Aux armes ! aux créneaux ! » On écoute, on attend,
Et puis rien… Fatigué, de nouveau l'on s’étend,
La tête sur le sac et maudissant la guerre.
S’endort-on ? aussitôt une main peu légère
Vous pousse, vous secoue ; aussitôt une voix
Vous dit : « C’est votre tour ; allons, numéro trois ! »