Page:Normand - Le Laurier sanglant, 1916.djvu/47

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L’ardent entraînement de la fougue française…
Nous nous lançons encore au sein de la fournaise,
Sûrs d’y trouver la mort en y cherchant l’honneur !

Jusqu’alors, mes amis, par un rare bonheur
Je n’étais pas blessé ; cette lutte infernale
Devait bientôt finir, quand voici qu’une balle
Me traverse la gorge, une autre le genou.
Je tombe évanoui, sanglant, je ne sais où,
Et mon cheval s’abat en m’écrasant la cuisse.
Je veux me dégager ; mais deux fois ma main glisse,
Tachant de s’appuyer sur le terrain boueux ;
Puis un voile de sang s’étend devant mes yeux,
Le ciel tourne et bientôt disparaît à ma vue…

Quand je me réveillai, la nuit était venue,
Couvrant de son linceul les morts et les mourants.
Ils sont là, sur le sol foulé, couchés par rangs,
Enfoncés dans un flot de boue épaisse et rouge…
Parfois, dans ce chaos, quelque fantôme bouge,