Page:Normand - Le Laurier sanglant, 1916.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’ÉMIGRANT ALSACIEN[1]




Paris, 1873.



« Comment, dis-je au vieillard, eûtes-vous le courage,
La force de quitter le pays, à votre âge ?
De laisser tout, famille, enfants… — Je n’en ai plus,
Dit-il : j’avais deux fils et je les ai perdus
L’un et l’autre, tués pendant l’affreuse guerre.
Depuis dix ans bientôt ma femme est sous la terre ;

  1. Ce petit poème, publié à part avec un dessin de Gustave Doré, en 1873, ne fait pas partie des Tablettes d’un Mobile. Mais il en est si proche par la date et le sentiment que je me suis cru autorisé à l’ajouter — quarante-trois ans après, — à ces extraits de mon premier livre.