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Page:Normand - Les Moineaux francs.djvu/95

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Puis, si tu l’avais, qu’en saurais-tu faire
De cette poupée au regard si doux ?
Bientôt délaissée, elle irait à terre
Grossir le charnier de tes vieux joujoux ;

Ou bien, quelque jour, te sentant chagrine,
Digne fille d’Ève, à grands coups de dents
Tu déchirerais sa blanche poitrine
Afin de savoir « ce qu’on met dedans » !

Non ! non ! par pitié, laisse l’un à l’autre
Ces tendres pantins qu’un hasard unit :
Leur monde est un monde au-dessus du nôtre,
Créé par le Rêve et que Dieu bénit !

Ils ne craignent point, ces divins fantoches,
L’éternel assaut des chagrins humains :
Pour eux, l’amitié n’a point de reproches,
Et pour eux l’amour point de lendemains.