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chrétienté, c’est, si j’ose ainsi dire, la plus « artiste ». Par une antithèse singulièrement heureuse, elle encadre, dans la mélancolie de la nature, la joie d’une naissance divine.

Noël est la fête des petits enfants. C’est pourquoi elle est tant aimée des hommes, qui sont des petits enfants tout le long de leur vie. Par exemple, au lieu de recevoir des cadeaux, c’est eux qui les donnent. Au fond, c’est à peu près la seule différence.

Noël me rappelle une de mes premières désillusions. J’avais cinq ou six ans. Je croyais dur comme fer que le petit Jésus apportait les cadeaux lui-même, par la cheminée. La veille du grand jour, je mets mes souliers en bonne place. On me couche. Ma mère entre tout doucement, regarde du côté de mon lit, me croit endormi, s’approche de mes souliers et, dessus, pose quelque chose de blanc. Ma surprise est si vive que je ne bouge pas, et je la laisse partir sans l’interroger. Elle sort de ma chambre… et je m’endors.

Le lendemain matin :