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TABLE D’HÔTE

Nice.



Derrière le vitrail de la fenêtre haute,
En passant par la rue, à sept heures, le soir,
Dans la salle à manger de l’hôtel on peut voir
S’allonger jusqu’au fond l’immense table d’hôte.

Ils sont bien là deux cents, alignés côte à côte,
Avec le sérieux d’un austère devoir,
Mastiquant humblement quelque chose de noir
Sous un gaz inégal qui vacille et qui saute.

Du dehors, où le bruit des voix n’arrive pas,
Ils semblent, retenus de force à ce repas,
Manger dans le silence et causer dans le vide ;

Si bien qu’on jurerait, dans un décor très « chic »,
Une troupe discrète et sagement avide
De grands singes dressés à dîner en public.