Page:Normand - Soleils d’Hiver, 1897.djvu/24

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Par les ruelles, où les bouges
Bourdonnants de chants avinés
Ouvrent dans l’ombre leurs yeux rouges,
Ses pieds meurtris se sont traînés.

Il a volé, tué peut-être…
Puis, le coup fait, brûlé d’alcool,
En quelque assommoir sombre et traître,
Ivre, il a roulé sur le sol.

Au jour, sortant de sa tanière,
Les bras lourds, le front obscurci,
Aveuglé d’air et de lumière
Il s’en est venu jusqu’ici ;

Et de cette chair polluée
Par le vice au contact impur
Semble monter une buée
De crime et de sang, dans l’azur…

Mais là-haut, dissipant la brume
Que le matin y traîne encor,
Le bon soleil pour tous allume
Pareillement son flambeau d’or.

Sans souci des besognes faites,
Ignorant du bien et du mal,
Il donne à tous les mêmes fêtes,
Pour tous son sourire est égal.