Page:Normandy-Poinsot - Les Poètes sociaux.djvu/110

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Mais le ciel brûle en vain de flammes de merveille.
Assiégeant le rocher où je viens de m’asseoir,
L’angoisse, comme un vent, flagelle mon oreille.
Il semble que, jamais, par une nuit pareille,
La clameur des maudits n’ait tant voulu d’espoir.

Ils sont là, les troupeaux de Mammon, les esclaves,
Ils sont là, ceux qui crient et souffrent par millions,
Et l’énorme marée, aux flancs du pic de laves,
Se hausse, de la plaine aux nocturnes emblaves,
Et de toute la mer inerte des sillons.

La pitié vient troubler ton rêve d’orgueil… Songe
À toute la douleur que tu ne connais pas !
Homme ! dont le regard au fond des siècles plonge,
Puisque c’en est fini de l’antique mensonge,

Ne lève plus les yeux au ciel !… Regarde en bas !


(Le Sang de Méduse.

(Mercure de France)