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rapporter au genre Canis. Cependant elle ne ressemble entièrement à aucune espèce de ce genre. La marque distinctive la plus frappante, c’est que c’est la septième molaire d’en bas qui est la plus grande dans l’animal de Montmartre, tandis que c’est la cinquième dans les chiens, les loups, les renards. »

Cette erreur, qui est un vrai phénomène dans les déterminations si parfaites et cependant si nombreuses de ce long travail sur les ossemens fossiles, est déjà redressée dans le n.° 20 du même Bulletin des sciences, publié au mois d’Octobre 1798, c’est-à-dire, deux mois plus tard. On y trouve encore un extrait, fait par M. Cuvier lui-même, d’un mémoire sur les ossemens trouvés dans le gypse de Montmartre, qu’il avait également lu à la Société d’histoire naturelle. Voici comment il s’exprime au sujet de cette première détermination : « L’auteur qui, d’après des fragmens très-peu nombreux, avait cru, ainsi que nous l’avons dit dans notre avant-dernier Bulletin, que ces ossemens provenaient d’un animal du genre Chien, ayant eu occasion d’en examiner un nombre très-considérable, a reconnu qu’ils proviennent de trois espèces différentes…, qui doivent cependant être rapportées à un seul et même genre, lequel est nouveau, et se place dans l’ordre des pachydermes, presque également rapproché du rhinocéros, du tapir et du cochon. » (C’est le genre que l’auteur a appelé plus tard Palœothérium.)

On voit dans sa correspondance avec feu Hermann, combien ce beau travail sur les ossemens fossiles le préoccupait. Il lui écrit en Février 1798, en parlant du grand mastadonte, qu’il appelle encore l’éléphant de l’Ohio :

« Nous en avons près d’une moitié de mâchoire qui nous vient du Pérou ; ce qui détruit l’opinion de Buffon, que les grands animaux avaient péri par le froid dans l’Amérique septentrionale, parce qu’ils n’avaient pu franchir les montagnes de l’isthme de Panama. »

Dans une autre lettre du même mois de l’année suivante, M. Cuvier lui fait cette question :

« Avez-vous quelque fossile de vos environs ou d’ailleurs, qui ait encore ses facettes articulaires ; si cela était, communiquez-m’en, je vous prie, des dessins ou des empreintes… Indiquez-moi en même temps le gisement dans lequel il a été trouvé. Mon ostéologie comparée en est venue au point que