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Je me suis arrêté à dessein, à cause de l’importance de la matière, du vif intérêt qu’elle excite, de la perfection avec laquelle elle a été envisagée sous toutes les faces par mon illustre maître, à ses travaux sur les ossemens fossiles et la géologie. Cependant il était loin de se flatter, en terminant son ouvrage, que cet ouvrage fixerait la science qu’il venait réellement de créer ; il prévoyait au contraire, dès ce moment, que l’émulation générale, excitée parmi les savans par une publication d’un si haut intérêt, porterait ses fruits. Cette pensée est bien clairement exprimée dans les dernières lignes du dernier tome.

« Je ne doute pas que, dans quelques années peut-être, l’ouvrage que je termine aujourd’hui et auquel j’ai consacré tant de travail, ne sera qu’un léger aperçu, qu’un premier coup d’œil, jeté sur ces immenses créations des anciens temps.[1] »

Plus bas il ajoute[2] : « Je vais désormais consacrer ce qui me restera de temps et de forces à publier des recherches déjà faites sur l’histoire des poissons ; mais surtout à terminer mon Traité général d’anatomie comparée. »

Telle était l’inconcevable force de tête de Cuvier, qu’à peine avait-il achevé un travail de longue haleine, il en commençait un autre, qui devait exiger des efforts non moins persévérans. Architecte aussi infatigable qu’ingénieux, marquant toujours de l’empreinte de son génie les édifices à la construction desquels il présidait, après avoir terminé un monument qu’il pouvait dire, comme Horace, plus durable que l’airain,


  1. Tome V, 2.° partie, page 487
  2. Ibid., page 526.