Page:Notice historique sur les ouvrages et la vie de Cuvier.djvu/6

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MESSIEURS,


Déjà plusieurs fois, en commençant mes enseignemens, je me suis plu à vous raconter les progrès récens de l’histoire naturelle, à vous entretenir de l’émulation qui se manifeste journellement parmi les savans, pour en reculer les limites, à vous énumérer la quantité de plus en plus surprenante d’êtres inconnus, que leurs recherches découvrent dans toutes les parties du monde. Vous paraissiez écouter mes récits avec quelque intérêt et partager l’extrême satisfaction que donnent à l’homme avide d’instruction, ces conquêtes sur la nature, qui lui en révèlent à la fois la fécondité et l’harmonie.

Aujourd’hui je viens, le cœur plein d’affliction, vous parler d’une perte immense que la France, que le monde savant déplorent : Cuvier n’est plus ! Le législateur de la science, celui, qui en régularisait tous les progrès ; celui, auquel elle était redevable de ses plus belles conquêtes ; celui, qui en interprétait les lois avec tant de génie, a cessé de prononcer ses oracles. Je n’aurai plus le bonheur de vous les transmettre, après les avoir entendus de sa bouche d’or. Je ne pourrai plus vous dire de sa part ses plus intimes pensées, ses jugemens à la fois si justes et si impartiaux sur les travaux des na-

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