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Suivons-le encore un instant, pour nous en convaincre davantage, dans sa vie privée, dans ses habitudes de famille, où il gagnait à être observé, où son activité perpétuelle, sa facilité extrême de rédaction, sa mémoire prodigieuse, l’universalité de ses connaissances, son jugement exquis, le vif intérêt de sa conversation, grandissaient de plus en plus l’homme extraordinaire aux yeux de celui qui avait le bonheur d’en approcher.

Jamais on ne le rencontrait oisif ; jamais, pendant la veille, il ne reposait son esprit ; seulement il le délassait en changeant d’objet. Pendant ses courses assez fréquentes en ville, ou durant ses voyages, il lisait, il rédigeait même dans sa voiture, où il avait fait poser une lanterne et où il écrivait toujours sur la main, comme dans son cabinet.

Aucun auteur n’a fait autant de livres originaux en y employant aussi peu de temps.

Il se levait entre huit et neuf heures du matin, travaillait une demi-heure, une heure au plus avant son déjeûné, pendant lequel il parcourait deux ou trois journaux, sans perdre un mot de la conversation des personnes qui l’entouraient ; il recevait celles qui avaient à lui parler, et sortait, au plus tard, à 11 heures, soit pour le Conseil d’État, les Mardi, Jeudi et Samedi ; soit pour celui de l’Université, les Mercredi et Vendredi. Le Lundi, jour de séance de l’Institut, il avait sa matinée jusqu’à midi ou une heure. Il ne revenait ordinairement de ces différentes Assemblées que pour le dîner ; mais s’il lui restait un quart d’heure seulement de libre, il en profitait pour reprendre une rédaction interrompue dès la veille, sur un objet scientifique. Cette facilité de travail et de diriger toute la force de son attention,