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Page:Notice sur les travaux scientifiques de M. P. Curie, 1902.djvu/19

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Recherches sur les substances radioactives nouvelles.

EN COLLABORATION AVEC Mme M.-S. CURIE.
(Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. CXXVII, 1898, p. 175 et 1215 ; t. CXXIX, 1899, p. 714, 760 et 823 ; t. CXXX, 1900, p. 73, 647 et 1072 ; t. CXXXI, p. 382 ; t. CXXXII, 1901, p. 1289 ; t. CXXXIV, 1902, p. 420. — Congrès de Physique, Paris, 1900.)

Ces recherches ont leur point de départ dans les travaux de M. Becquerel sur les rayons nouveaux émis spontanément par l’uranium et ses composés. Les rayons émis traversent les corps opaques à la lumière ; ils impressionnent les plaques photographiques et rendent l’air conducteur de l’électricité.

Les recherches de M. Becquerel, de M. Schmidt, de Mme Curie ont établi que la radioactivité est une propriété atomique attachée aux atomes d’uranium et de thorium. Mme Curie a montré par de nombreuses mesures que le rayonnement de l’uranium est constant et reprend la même valeur quand, après diverses transformations chimiques et physiques, la substance reprend son état initial. De tous les corps connus, l’uranium, le thorium et leurs composés s’étaient seuls montrés radioactifs. Les matières qui renferment ces métaux émettent un rayonnement d’autant plus faible qu’elles contiennent une plus forte proportion de substances inactives.

Mme Curie avait remarqué cependant que certains minéraux contenant de l’uranium et du thorium sont plus actifs que ces métaux eux-mêmes. Nous avons recherché si ces minéraux (pechblende, chalcolite, etc.) contiennent en petite proportion quelque substance nouvelle fortement radioactive. L’expérience a confirmé cette prévision.

La méthode de recherche que nous avons employée rappelle celle fournie par l’analyse spectrale. On opère des séparations chimiques au moyen de certains réactifs ; puis on recherche avec un dispositif électrométrique quels sont, parmi les produits séparés, ceux qui rendent l’air conducteur de l’électricité. L’électromètre devient ainsi l’auxiliaire indispensable de la recherche.

Nous avons d’abord séparé un nouveau corps extrêmement actif, qui est voisin du bismuth par ses propriétés chimiques, et nous avons appelé polonium cette espèce de bismuth actif. Puis nous avons (en collaboration avec M. Bémont) isolé un nouveau corps, le radium, excessivement actif. Le radium est un nouveau corps simple  ; il a été isolé à l’état de sel pur ;