Page:Notices sur M. le comte Chaptal, et discours prononcés sur sa tombe, le 1er août 1832.djvu/35

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d’ouvriers dans ses ruines ; car elle arriva peu d’instans avant l’heure où il s’y rendait chaque matin.

C’est à cette époque si alarmante que fut élevé ce télégraphe, qui a rendu dans les deux mondes le nom de Chape immortel, et que, grâce au génie de Monge, fut organisée cette École polytechnique, d’où sont sortis tant d’illustres sujets, dont les cours sur toutes les branches des sciences furent confiés aux premiers savans de l’Europe, et où Chaptal fut nommé collaborateur de Monge, de Fourcroy, de Guyton-Morveau.

Pendant les sanglans orages de la révolution, les États-Unis, Naples et l’Espagne firent à M. Chaptal les propositions les plus avantageuses pour le déterminer à éviter les dangers qu’il courait en France, et à transporter ses fabriques dans l’un des pays qu’il aurait choisi ; mais son attachement à sa patrie l’emporta toujours sur l’assurance d’une fortune brillante dans l’étranger ; et la présence de l’échafaud, immolant partout, chaque jour, tant d’innocentes victimes, ne put jamais le décider à s’expatrier.

Nommé en 1798 membre de l’Institut, l’honneur d’être admis dans ce corps savant le fixa avec sa famille à Paris. Après la révolution du 18 brumaire, le premier consul, qui savait si bien connaître et même deviner les hommes, le nomma conseiller d’État. Ses lumières dans ce conseil lui méritèrent bientôt une place plus importante ; il remplaça Lucien Bonaparte au Ministère de l’intérieur. Après tout ce qu’il avait fait de bien dans ce ministère en faveur des sciences, des lettres, des arts, du commerce et des hôpitaux,