Page:Notices sur M. le comte Chaptal, et discours prononcés sur sa tombe, le 1er août 1832.djvu/49

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cours oral. Tels furent les élémens d’un succès qui popularisa, chez toutes les classes éclairées du midi de la France, une étude abandonnée jusqu’alors aux seuls adeptes de la médecine et de la pharmacie.

Le résumé de ce cours fut publié sous le titre d’Élémens de Chimie, ouvrage remarquable pour l’époque de sa publication, puisqu’il précéda de deux ans l’œuvre immortel de Lavoisier, et qu’il présenta pour la première fois le système complet des découvertes nouvelles expliquées dans le langage de la nouvelle nomenclature. Cet ouvrage, répandu bientôt dans les écoles de France, fut traduit dans toutes les langues, et professé chez tous les peuples de l’Europe.

Un pareil succès, malgré son éclat, ne pouvait suffire aux vues à la fois philosophiques et patriotiques de l’auteur. Le caractère le plus marqué du talent de M. Chaptal était de transporter sans cesse les vérités découvertes par la science du domaine idéal des abstractions au positif des applications usuelles. La science ne lui paraissait créée que pour accroître les moyens d’ajouter au bien-être de l’espèce humaine.

Il dirigea donc tout ce qu’il possédait de connaissances dans les sciences naturelles, et surtout dans la chimie, vers le perfectionnement, vers l’invention des arts utiles. La fortune même le servit dans ce dessein. Il venait d’hériter de 300,000 francs ; au lieu d’en jouir dans un repos séducteur pour tant d’autres, mais sans charmes pour lui, cette opulence ne fut à ses yeux qu’un instrument de travail qui devait procurer à son pays natal une prospérité nouvelle. Il établit à