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la révolution de 1848

semaines après leur création, ces ateliers comptaient 14.000 ouvriers ; au début de mai, ils en comptaient 100.000. Dès le 1er  avril, la dépense quotidienne provoquée par cette innovation, était de 70.000 francs ; quinze jours plus tard, elle atteignait 120.000 francs.

Cependant, une Assemblée constituante, élue le 23 avril, se réunissait ; la grande majorité de ceux qui la composaient arboraient l’étiquette républicaine ; ils avaient en tous cas l’instinct conservateur. Des utopies courantes, la plus mauvaise à leurs yeux était renfermée dans la fameuse formule de Proud’hon : la propriété, c’est le vol. Les députés avaient reçu de leurs électeurs le mandat de défendre la propriété et n’auraient garde d’y manquer. Aussi les extrémistes, se sentant évincés, se mirent-ils en insurrection, dès le 15 mai. Domptés, ils reçurent le renfort des ouvriers des ateliers nationaux : braves gens pour la plupart, honnêtes travailleurs qui, trop nombreux maintenant, réduits à la demi-solde et n’ayant rien à faire trois jours sur quatre s’étaient rapidement démoralisés. Le gouvernement s’occupait précisément, en conformité de vues avec l’Assemblée, de mettre fin à l’aventure des ateliers nationaux. Il y procéda de le façon la plus brutale, la plus injuste et la plus maladroite. Tous les ouvriers de 18 à 25 ans qui refusèrent de s’engager comme soldats furent renvoyés ; on expédia les autres en province.

Cela se passait le 21 juin. Le 23, une insurrection formidable éclatait. Elle dura quatre jours et fit de nombreuses victimes. Il fallut reprendre Paris aux insurgés, quartier par quar-