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demandent le passage. César se dresse au travers de ce désordre et, repoussant le traité de partage que lui offre Arioviste, il entreprend, après avoir chassé les Barbares, de conquérir la Gaule entière pour en faire le boulevard du futur empire.

Il fallut six ans pour y réussir. Plutarque, établissant le bilan de l’entreprise, parle de « huit cents villes prises de force », de « trois cents nations » (lisez peuples ou peuplades) soumises, d’environ un million d’hommes hors de combat sur les trois millions qui furent opposés aux légions romaines. Quant à César, il constate qu’il y eut alors chez les Gaulois une ardeur unanime « pour ressaisir l’ancienne gloire militaire de leur race » et que « tous, de toutes les forces de leur âme et de toutes leurs ressources matérielles, ne songèrent plus qu’à se battre ». Certaines de ces expressions, sous la plume concise et nette de César, sont à retenir. Ce passage contient, en effet, une allusion au glorieux passé celte ; il indique aussi la force du mouvement provoqué par le célèbre chef arverne, Vercingétorix. Les Arvernes incarnaient l’esprit anti-romain. Récemment, ils n’avaient pas reculé devant l’appel à des mercenaires germains ; au siècle précédent, ils s’étaient opposés par les armes à l’installation romaine en Provence. Vercingétorix parcourut boute la Gaule pour y prêcher une croisade véritable. Son éloquence, son activité, son influence personnelle eurent raison des oppositions et des rivalités. Ce ne fut pas sans peine. Ici et là, nombre de gouvernants devaient incliner vers Rome par la notion du danger que faisaient courir à la civilisation celte le voisinage et les ambitions