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métier si l’on voulait avoir des effectifs suffisamment nombreux pour tenir tête à une agression allemande éventuelle. Cette substitution s’opèra on 1889 ; on l’étudiait depuis longtemps ; elle supposait la réduction du service jusque-là inégalement réparti. La loi établissant le service de trois uns égalise les charges militaires et suscita, bien entendu, beaucoup d’oppositions dont le temps seul pouvait avoir raison. Mais la préparation technique n’en fut aucunement ralentie. En 1887, on avait tenté un essai de mobilisation d’un corps d’armée ; en 1891, les grandes manœuvres réunirent pour la première fois quatre corps d’armée. Dans l’intervalle, Ch. de Freycinet, ministre de la Guerre, réalisant une pensée qu’avait eue déjà Gambetta, avait confié le poste de chef d’État-Major général à un officier supérieur connu à la fois pour sa compétence exceptionnelle et pour ses préférences monarchiques. Par là s’affirmait l’aspect exclusivement patriotique sous lequel le gouvernement désirait continuer à envisager les questions militaires.

Une crise n’en était pas moins infaillible. Des raisons matérielles, sociales, intelectuelles concouraient à y acheminer le pays. L’affaire Dreyfus ne fit que donner corps à de sourdes querelles longtemps contenues et dans ce champ clos inattendu, se rencontrèrent, si l’on peut dire, tout le passé et tout l’avenir : tout ce que le préjugé et l’utopie, l’esprit de tradition et l’esprit de nouveauté, l’idéal et l’intérêt peuvent accumuler d’éléments hostiles les uns aux autres. Quels que soient les dommages qu’aient produits ces heurts, on put constater qu’en fin de compte, ils n’avaient pas laissé de traces profondes. À la façon dont l’union se fit en 1914 à