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Page:Notre France - Coubertin.djvu/207

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les idées et les mœurs

du bagage honnête et assez nourri susceptible de lui ouvrir les carrières de l’État. Vers la fin du Second empire, le grand ministre Duruy qu’animait un autre idéal put — peut-être grâce à l’indifférence de l’opinion et des pouvoirs publics en cette matière — préparer les voies à une réforme générale. Son œuvre fut continuée par Jules Ferry[1]. Toutefois, ce qui paraît avoir modifié du tout au tout la conception française des forces pédagogiques et de leur rôle national vint de la jeunesse elle-même — du collégien rapidement métamorphosé par la pratique des sports, de l’étudiant renové par la reconstitution des universités régionales et ayant retrouvé là un foyer de vie collective et un incitant indispensable au progrès individuel. C’est aux environs de 1889[2] que ces réformes fécondes commencèrent d’agir. La génération qui en bénéficiait directement en fit indirectement bénéficier sa devancière. Les Français vécurent non seulement

  1. Les principales lois inspirées par Jules Ferry, sont celles relatives à l’établissement des écoles normales d’instituteurs (1879), à la création du Conseil supérieur de l’Instruction publique, à la collation des grades universitaires, à l’enseignement secondaire des jeunes filles (1880), à la gratuité (1881) et l’obligation (1882) de l’enseignement primaire. Au point de vue laïque, le privilège par lequel les membres des ordres enseignants se trouvaient dispensés du brevet de capacité avait été supprimé, mais Ferry repoussa la proposition de retirer aux ecclésiastiques le droit d’enseigner.
  2. Paris, en 1889, vit à la fois les premières grandes manifestations sportives interscolaires et la fraternisation des étudiants français et étrangers à l’inauguration de la Nouvelle Sorbonne, cérémonie où les universités de tout l’univers étaient représentées. En droit la reconstitution des universités régionales en France, date de 1896, mais l’œuvre était en pleine exécution dès 1885.