Page:Noufflard - Lohengrin à Florence, 1888.djvu/19

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stes qui sont en scène, puisent, on le découragement qui les paralyse, ou l’enthousiasme qui décuple leur force,, mais c’est de lui que dépend aussi, au moins en grande partie, le plaisir que chacun de nous pourra goûter. Quand un certain nombre de personnes sont réunies dans un but commun, aucune d’elle n’est plus exclusivement elle-même. Un lien se crée entre toutes, qui donne naissance, si l’on peut dire, à un être nouveau, ayant vraiment son âme à lui. C’est l’âme des foules, qui a assez de puissance pour suggérer aux individus qu’elle domine, non seulement des sentiments mais même des pensées, qui autrement ne fussent jamais entrées dans leur cerveau. Ainsi s’expliquent, hélas ! la plupart des horreurs révolutionnaires, mais en revanche, ainsi s’allument aussi les beaux et nobles enthousiasmes, parmi lesquels il faut ranger ceux dont le théâtre est témoin. Si maintenant je dis que nulle part je n’ai vu Lohengrin recevoir un accueil aussi intelligemment sympathique que celui qu’il a eu ici, on comprendra que les admirateurs de Wagner doivent de la reconnaissance au public Florentin. Et si j’ajoute qu’il y a deux ans cet opéra était ici à peu près inconnu et qu’on n’a pas été préparé à cette musique nouvelle par des concerts symphoniques, on conviendra qu’il y a là un fait digne de note.[1]

A vrai dire, c’est en 1872 que Lohengrin fit sa première apparition à Florence. Le chef-d’orchestre Mariant,

  1. Florence possède bien une société de concerts fondée et dirigée par Mr J. Sbolci, mais sa clientèle est en grande partie composée d’étrangers.