Page:Noufflard - Lohengrin à Florence, 1888.djvu/8

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scitaient de véritables tempêtes d’applaudissements.... et de sifflets. Excité par l’impression profonde qu’avaient produit sur moi ces fragments, et peut-être aussi, je dois l’avouer, par cet instinct qui pousse les tout jeunes gens à s’éprendre de ce que leurs aînés ne semblent pas comprendre, je me procurai les partitions du Vaisseau Fantôme, de Tannhœuser et de Lohengrin, et après les avoir dévorées, je devins, du coup, wagnérien convaincu. Comme je viens de le laisser entrevoir, il se pourrait bien que dans mon wagnérisme de ce temps lu, il y ait eu un peu de pose, cependant, je puis le dire en toute sincérité, les mélodies si douces d’Elsa, avec leur tendresse virginale et leur coloris de clair de lune, et plus encore, peut-être, le véritable rayonnement musical dont Wagner a su entourer le front de son héros me causèrent un indicible ravissement ; et, depuis lors, mon idée fixe, mon rêve fut d’entendre et de voir l’opéra enchanté.

Ce fut là un rêve dont l’accomplissement se fit longtemps attendre. J’avais à ce sujet la plus incroyable malechance. En Italie comme en Allemagne, si je passais par une ville, c’était pour voir sur une affiche déchirée, qu’on venait d’y donner Lohengrin. Comme les carabiniers d’Offenbach, j’arrivais toujours trop tard ! Enfin, après bien des années, je finis pourtant par assister à une représentation de l’œuvre désirée. Le dirais-je ? Ce fut une véritable déception !... Et comme l’impression désagréable que je ressentis alors, fut confirmée par celle que j’éprouvai dans les théâtres mêmes d’Allemagne où l’on conserve le plus fidèlement les traditions du maître, j’étais presque arrivé à prendre en dégoût, cet ouvrage, jadis adoré, quand Mr Bertini et Mlle Meyer ont.