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Page:Noufflard - Richard Wagner d’après lui-même, I, 1891.djvu/258

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RICHARD WAGNER

abstraites, il peut faire prévaloir jusque dans les basses classes une idée élevée de la vie. En idéalisant la douleur, il peut aider à la supporter, en poétisant ce qu’il y a de tragique dans la destinée humaine, en en montrant la nécessité, il peut rendre la résignation plus facile. Mais avant que le théâtre devienne réellement un institut religieux, tant de réformes sont à faire, que j’abandonnerais volontiers ce côté de la question aux rieurs, pourvu qu’ils voulussent bien prendre en considération ce qu’il y a d’immédiatement applicable dans le projet de Wagner.

D’abord je voudrais qu’on m’accorde, que, si l’argent des contribuables est très bien employé, quand on s’en sert pour favoriser l’essor du génie national, il l’est fort mal, quand on le dépense pour subventionner un grand établissement, qui n’est, en somme, qu’un salon à musique pour la société élégante, et une curiosité de mauvais aloi pour les étrangers et les provinciaux qui viennent à Paris. Il importe donc de laisser aux gens riches qui se plaisent à l’Opéra, le soin de subventionner eux-mêmes ce grand endroit, et de réserver les deniers de l’Etat pour un théâtre, qui, étant assez modeste comme bâtiment pour n’être qu’un cadre, sera tenu de représenter dignement les opéras de Gluck, de Spontini (1), de

(1) On dit qu’il n’y a plus de chanteurs pour interpré-