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LA MAISON



À ma sœur Laurence.


J’ai suivi dans la nuit le rayon d’une étoile
Et mes yeux ont vu luire, humble et jouant la voile,
Aux champs lointains si bleus qu’ils font croire à la mer
La maison comme un point, et, répandu dans l’air
Doré, tout le village aux pieds du clocher mince…
Gai, certes, car j’avais découvert la province !

La province, bien oui, voyageur, qu’en dis-tu ?
T’y voilà ; ton Paris, où tu t’es débattu
Dans la nuit faite avec leur ombre épaisse aux hommes,
Vaut-il, sois franc, le clair paysage où nous sommes ?
Comme tu vas dormir, comme tu vas veiller
Sagement, et qui sait ? peut-être aussi prier :
Car la province est la conseillère et la sainte,
Car elle garde aux champs où ton enfance est peinte
La tombe de ta mère et la voix de ta sœur,
Pour éveiller un peu ton cœur, ton cœur, ton cœur.

La pastorale anime encore des flutes
Le bois, et le petit clair de lune, aux minutes