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POÉSIES D’HUMILIS


Comme autrefois les flancs d’Eve en pleurs sous les branches,
Au jardin favorable où depuis l’amour dort,
Ton labeur est maudit Ceux sur qui tu te penches,
Vois, mère, le plus doux, le plus beau, le plus fort,
Il apprend l’amertume et connaîtra la mort.

C’est toi la source, ô femme, écoute, ô mère folle
D’Esope qui boitait, de Caïn qui griffait,
Vois le fruit noir tombé de ton baiser frivole,
Savoure-le pourtant, comme un divin effet,
En noyant dans l’amour l’horreur de l’avoir fait.

Pour l’amour, tout s’enchante en sa clarté divine.
Aimez comme vos fils les hommes ténébreux
Leur cœur, si vous voulez, votre cœur le devine
Le plus graves au fond sont des enfants peureux
Le plus digne d amour, c’est le plus malheureux.

Eclairez ces savants, ô vous les clairvoyantes,
Ne les avez-vous pas bercés sur vos genoux,
Tout petits ? Vous savez leurs âmes défaillantes
Quand ils tombent, venez ils sont francs, ils sont doux
S’ils deviennent méchants, c’est à cause de vous.

C’est à cause de vous que la discorde allume
Leurs yeux, et c’est pour vous, pour vous plaire un moment
Qu’ils font couler une encre impure sous leur plume.
Cet homme si loyal, ce héros si charmant,
S’il vous adore, il tue, et sur un signe il ment.