Page:Nouveau - Savoir aimer, 1904.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
92
SAVOIR AIMER


C’est elle qui leur ouvre, étonnant de clarté,
Sur ses genoux un livre où leur cœur voit le rêve
Sous son manteau céleste et bleu comme l’été.

Pudique autant que Jeanne, autant que Geneviève,
L’épouse file et songe aux lys du charpentier ;
L’époux travaille et songe à l’innocence d’Ève.

Avec sa main trempée au flot du bénitier
Chaque jour dans l’Église où son âme s’abreuve,
Les doigts fiers de tourner les pages du psautier,

Pour les pauvres amours qui marchent dans l’épreuve,
Les membres de Jésus dont le faubourg est plein,
Pour le lit du vieillard et l’habit de la veuve ;

Elle file le chanvre, elle file le lin,
Comme elle file aussi le sommeil du malade,
Et le rire innocent du petit orphelin.

Musique d’or du cœur qui vibre et persuade,
Sa parole fait croire et se mettre à genoux
Le plus méchant, qu’elle aime ainsi qu’un camarade.

Elle est plus sérieuse, et meilleure que nous ;
Il n’a que les beaux traits de notre ressemblance ;
Couple prédestiné, délicieux époux !

Ils ont la joie, ils ont l’amour par excellence !
Leurs cœurs extasiés de grâce sont vêtus ;
Car ils ont dépouillé toute la violence.