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FRATERNITÉ


Frère, ô doux mendiant qui chantes en plein vent,
Aime-toi, comme l’air du ciel aime le vent.

Frère, poussant les bœufs dans les mottes de terre,
Aime-toi, comme aux champs le glèbe aime la terre.

Frère, qui fais le vin du sang des raisins d’or,
Aime-toi, comme un cep aime ses grappes d’or.

Frère, qui fais le pain, croûte dorée et mie,
Aime-toi, comme au four le croûte aime la mie.

Frère, qui fais l’habit, joyeux tisseur de drap,
Aime-toi, comme en lui la laine aime le drap.

Frère, dont le bateau fend l’azur vert des vagues,
Aime-toi, comme en mer les flots aiment les vagues.

Frère, joueur de luth, gai marieur de sons,
Aime-toi, comme on sent la corde aimer les sons.

Mais en Dieu, Frère, sache aimer comme toi-même
Ton frère, et quel qu’il soit, qu’il soit comme toi-même.